Depuis déjà quelques temps, la Belgique renouvelle le rock de manière significative. Les groupes se sont succédés de Ghinzu aux Girls in Hawaii, nous livrant un son qui se retrouve dans ses sonorités électriques, bien distinctives, une place laissée à l'expérimentation, le tout avec une pointe de mélancolie. Mud Flow a, par bien des aspects, des points en commun avec ces groupes, cependant il parvient à se singulariser par divers aspects lui laissant présager un bel avenir.
Cet opus du groupe bruxellois, sorti en 2004, livre un ensemble homogène, dégageant une sonorité tantôt mélancolique, tantôt souffrante. En effet, derrière des chansons qui se laissent plutôt bien appréhender, l'expérimentation sachant se contenir, se cachent des chansons délivrant une inquiétude quasi-métaphysique, sur le mal-être. L'introduction, The Sense of 'Me', délivre grâce à une mélodie assez planante cette ambiance brumeuse qui ne cessera de nourrir l'album tout au long des plages. Au passages planant s'enchainent d'autres plus pop, comme le morceau Today où la guitare se fait plus énergique, mais où subsiste dans les paroles une pointe d'amertume. Five Against Six semble bien être une chanson assez représentative de cet album. La guitare tantôt électrique, tantôt minimaliste, des percussions murmurantes. La mélodie parvient à s'élever de manière progressive, chaque instrument prenant un peu plus sa place. Les paroles, amères et tristes, sont celles d'un homme qu'on imagine en conversation avec une sorte de femme fatale à laquelle il aurait malheureusement eu affaire, devant désormais en surmonter la souffrance. Mais si Mud Flow étonne dans cet album c'est grâce à la présence dans cet océan d'électricité, de cette avant-dernière plage, Song1, où le piano parvient à donner une tonalité confinée et calme, nous plongeant dans une sorte de sommeil mélancolique. La neurasthénie provoquée est accentuée par la voix de Vincent Liben, extrêmement douce et reposée, nous faisant un peu plus entrer dans l'intimité de sa complainte.
A Life On Standby est donc un opus à écouter si l'on souhaite être bercé tout en restant aux prises avec la mélancolie. Un album prouvant encore une fois la richesse de la vague rock-pop belge et la singularité de chacun de ces groupes.