lundi 16 juillet 2007

CocoRosie - The Adventures of Ghosthorse and Stillborn


Voici un titre d'album plus qu'étrange ! Mais que cela ne vous arrête pas, car à mon humble avis il s'agit peut-être de la meilleure galette de cette première moitié de 2007 ! Avant d'expliquer pourquoi cela, une petite présentation s'impose. CocoRosie c'est un duo de deux soeurs américaines Bianca (Coco) et Sierra (Rosie) Casady. Après deux albums, et un EP, voici leur dernière livraison, qui ravit par son éclectisme musical et ses lyrics oscillant entre poésie et curiosité littéraire. The Adventures of Ghosthorse and Stillborn fut enregistré en Islande, point étonnant quand on se rend compte à quel point les Cocorosie ont, sur cet opus, un son se rapprochant de certaines artistes islandaises : Björk bien sûr, et (détail amusant) un autre duo de soeur, Mùm. Cela s'explique lorsqu'on découvre à la production Valgeir Sigurðsson, connu pour ses travaux avec Björk, Sigur Rós et Mùm.


L'ouverture assurée par le track Rainbowarriors annonce la couleur, des lyrics prononcés sur une sorte de flow presque hip-hop, avec un beat mêlé de scratchs. La voix se rapproche étonnamment de celle des chanteuses de Mùm, ponctuée par des moments de douceur plus lents. Le mélange est détonnant entre passages planants et beat entrainant. Les paroles, quant à elles sont pour le moins originales (voilà pourquoi on associe souvent les Cocorosie au renouveau des songwriters américains – pas étonnant qu'on ait pu les retrouver sur scène avec des groupes comme Bright Eyes), on a l'impression d'être en plein mysticisme terrien. Après cette première plage, aux sensations très earthbound, succède Promise, plage aux accents résolument hip-hop, puis Bloody Twins, qui nous replonge avec ses éclats de xylophone en pleine époque Vespertine (ce qui n'est pas pour nous déplaire !). J'aimerai ensuite aborder cette fantastique plage sept : Werewolf. La voix se fait soit enfantine et émouvante ; soit sensuelle et tendre. Un beat mêlant beatbox et piano avec brio. Des passages où le beat s'affirme donnant envie de gesticuler sur ce flow qui s'accélère par là même, devenant puissant et lyrique. Chanson pleine de fantaisie et d'émotion qui ne peut résolument pas laisser indifférent (si c'est le cas, n'hésitez pas à nous mailer, car c'est grave ;) ) ! Qui est familier avec ce son très caractéristique des productions islandaises, le trouvera particulièrement sur ce morceau.


Il faudrait aussi évoquer toutes les autres plages sur lesquelles je n'insiste pas, persuadé que vous allez vous ruer sur ce bijou. Pourtant je le pourrais, car voici un album où il n'y a rien à jeter. On sort de cette expérience musicale bercé dans une drôle d'atmosphère, un peu à côté de ses pompes, un peu désorienté d'avoir pu encore une fois découvrir que ses oreilles étaient une des plus grande source de plaisir. CocoRosie montre bien avec cet opus, sa capacité de mutation et d'affirmation, entre des orientations différentes (hip-hop, électro, folk ou encore post-rock), et des paroles sortant de l'ordinaire. Adventures of Ghosthorse and Stillborn est donc recommandé à tous ceux qui aime la musique un brin (voire tout à fait) alternative et surtout intelligente.


dimanche 15 juillet 2007

Babyshambles – Down In Albion


Actuellement, on remarque plus Peter Doherty pour ses frasques personnelles, que pour ses talents de musicien. Il serait pourtant bien dommage d'oublier cet album sorti en novembre 2005, qui tout en restant dans le sillage de ce que Doherty avait déjà produit avec The Libertines, est un bon opus, avec quelques titres valant vraiment le détour. Pour comprendre le fait que cette musique soit comparable à The Libertines, il faut évident se rappeler que Doherty en était le chanteur. Après le split du groupe, Babyshambles naît en 2003, et livre, deux ans plus tard, un premier album, qui, cette année-là eu son succès dans les charts.


La galette débute avec La Belle et la Bête, chanson en feat. avec la copine de l'enfant terrible, Kate Moss. Le tout est bien rythmé, avec des percussions à tâtons et une guitare toujours aussi électrique et grinçante. Le disque se poursuit avec Fuck Forever qui fut le single qui eut le plus de succès. Cette chanson est assurément le gros titre de cet opus. La mélodie et les paroles sont entrainantes, en faisant un titre accessible. Néanmoins, on ressent toujours la douce folie de Doherty avec des passages à la limite de l'hystérie. Il semble bien avec ce genre de morceaux comme avec le suivant A Rebours (le titre est plus qu'évocateur), que les Babyshambles mêlent à merveille un certain dandysme avec l'esprit classique du rock'n roll. On reste pourtant bien dans un rock très street, garage, en témoignent les clameurs ouvrant Killimangiro, ressemblant à des braillements de hooligans. Les clins d'oeil à The Libertines sont aussi de la partie, un morceau s'intitule What Katy Did Next (un de The Libertines se nommait What Katie Did).


Mais cet album ressemble peut-être justement un peu trop à un opus de The Libertines... En effet, Doherty en changeant de groupe n'allait pas pour autant inverser sa façon de créer, et ses inspirations restent les mêmes. Pourtant, on aurait pu s'attendre à un brin d'originalité dans ce renouveau britannique (qui n'en est déjà plus un) du rock indé. Or, il n'en est rien, Doherty se cantonne dans ce qu'il sait faire et ne va pas voir ailleurs.


En conclusion, cet opus est à recommander à qui a aimé la période The Libertines, bien qu'on ressente un peu d'inachèvement, ce qui paradoxalement rend l'opus charmant, lui conférant un côté garage que la production parfois un peu brouillonne accentue. Ce disque n'est donc pas une révélation, un renouveau, mais prolonge plutôt la vague dont il est issu, et il le fait bien.


samedi 30 juin 2007

Mud Flow – A Life On Standby


Depuis déjà quelques temps, la Belgique renouvelle le rock de manière significative. Les groupes se sont succédés de Ghinzu aux Girls in Hawaii, nous livrant un son qui se retrouve dans ses sonorités électriques, bien distinctives, une place laissée à l'expérimentation, le tout avec une pointe de mélancolie. Mud Flow a, par bien des aspects, des points en commun avec ces groupes, cependant il parvient à se singulariser par divers aspects lui laissant présager un bel avenir.


Cet opus du groupe bruxellois, sorti en 2004, livre un ensemble homogène, dégageant une sonorité tantôt mélancolique, tantôt souffrante. En effet, derrière des chansons qui se laissent plutôt bien appréhender, l'expérimentation sachant se contenir, se cachent des chansons délivrant une inquiétude quasi-métaphysique, sur le mal-être. L'introduction, The Sense of 'Me', délivre grâce à une mélodie assez planante cette ambiance brumeuse qui ne cessera de nourrir l'album tout au long des plages. Au passages planant s'enchainent d'autres plus pop, comme le morceau Today où la guitare se fait plus énergique, mais où subsiste dans les paroles une pointe d'amertume. Five Against Six semble bien être une chanson assez représentative de cet album. La guitare tantôt électrique, tantôt minimaliste, des percussions murmurantes. La mélodie parvient à s'élever de manière progressive, chaque instrument prenant un peu plus sa place. Les paroles, amères et tristes, sont celles d'un homme qu'on imagine en conversation avec une sorte de femme fatale à laquelle il aurait malheureusement eu affaire, devant désormais en surmonter la souffrance. Mais si Mud Flow étonne dans cet album c'est grâce à la présence dans cet océan d'électricité, de cette avant-dernière plage, Song1, où le piano parvient à donner une tonalité confinée et calme, nous plongeant dans une sorte de sommeil mélancolique. La neurasthénie provoquée est accentuée par la voix de Vincent Liben, extrêmement douce et reposée, nous faisant un peu plus entrer dans l'intimité de sa complainte.


A Life On Standby est donc un opus à écouter si l'on souhaite être bercé tout en restant aux prises avec la mélancolie. Un album prouvant encore une fois la richesse de la vague rock-pop belge et la singularité de chacun de ces groupes.


vendredi 29 juin 2007

Gym Class Heroes – The Papercut Chronicles


Lorsqu'on écoute pour la première fois Gym Class Heroes, c'est pour beaucoup par le biais de la désormais célèbre chanson : Cupid's Chokehold. En effet en samplant le tube de Supertramp, American Breakfast, le rendu détonne entre un son hip-hop et des refrains aux accords pop. On est tout de suite charmé par ce son novateur et officiant comme une passerelle entre les genres. Pour bien comprendre cette impression, il nous faut revenir en 1997, où le groupe se fonde à Geneva dans l'Etat de New-York. La rencontre entre les membres (Travis Mc Coy et Matt Mc Ginley) se déroule durant le cours d'éducation physique au lycée (d'où le nom du groupe). Ils sont très vite rejoints par Milo Bonacci et Ryan Geise. Dès le départ, le groupe se donne comme objectif de créer un son hip-hop innovant, détaché des habituels clichés west/east ou bien de la culture gangsta. Voici donc un album hip-hop sans le « bling-bling » et qui sait aussi être par bien des aspects un album pop, soul..


Il est vrai que l'ouverture de The Papercut Chronicles (Za Intro) n'a rien à voir avec les albums hip-hop classiques, elle ressemble plus à l'intro d'un groupe comme Board of Canada qu'à celle d'un album de Nas, un beat assez planant aux teintes électro nous annonçant bien la couleur : voici un album aux confins de la diversité musicale. Le Morceau suivant, Papercut, le démontre bien avec un beat composé de quelques accords de guitare et des lyrics qui n'ont rien à voir avec la verve gangsta habituelle mais qui raconte plutôt une relation amoureuse plutôt difficile où la femme n'est pas une « bitch » soumise, mais qui, au contraire, avec ses caprices, mène la danse. On trouve en plage quatre, le très bon Make Out Club, racontant les relations les plus rocambolesques de notre chanteur, nous dressant le portrait de demoiselles toujours plus déjantées les unes que les autres. Ce qu'on remarque avec ces deux morceaux et avec beaucoup d'autres dont le suivant, Taxi Driver, c'est la forte présence de la guitare dans la construction du beat. Nous sommes très loin des synthétiseurs des beats west coast ou du minimalisme new-yorkais, à vrai dire, nous sommes plutôt dans un nouvel espace que les Gym Class Heroes dessinent eux-mêmes. Le morceau maintenant bien connu, Cupid's Chokehold, illustre bien la patte de ce groupe, tant les lyrics sont plutôt drôles, narrant toujours les aléas d'un lover qui pense trouver à chaque nouvelle petite amie La fille ! De plus, la contribution de Patrick Stump des Fall Out Boy et le sample de Supertramp, illustre à quel point ce groupe décloisonne le hip-hop, souvent trop hermétique aux autres genres. On ne peut alors que penser à un groupe comme Outkast, ayant eu lui aussi cette intelligence d'ouvrir le hip-hop pour en faire définitivement un des styles les plus innovants de ces dernières années, et surtout afin de le sortir de ce cercle dans lequel il s'était lui-même enfermé et où rien ne se créait de neuf. La comparaison tient même dans le message parfois délivré, dans cette nonchalance amoureuse un peu désabusée mais au fond, toujours enthousiaste. Pour finir, évoquons le morceau Nothing Boy Vs The Echo Factor qui prouve l'excellence du flow de Travis, d'une force aussi rapide que nette. De plus le message ici délivré démontre que ce groupe est d'une grande lucidité pour le jeune âge de ses membres (une vingtaine d'années), se jouant des clichés des rappeurs pensant délivrer de grandes prophéties, ils s'en moquent faisant voeu d'humilité, et ce avec leur humour habituel : I could make references to books I never read / For the sake of sounding conscious / But that's just obnoxious.


En conclusion cet opus est vraiment très bon. Musicalement il s'ouvre à différents genres, les mariant avec succès, et ce avec des paroles pleines d'humour et de sagesse. Les Gym Class Heroes montrent à leur tour, ce vers quoi doit tendre le hip-hop à la fois pour se renouveller et pour atteindre un nouveau stade d'excellence, tant au niveau du beat que des lyrics.