vendredi 29 juin 2007

Gym Class Heroes – The Papercut Chronicles


Lorsqu'on écoute pour la première fois Gym Class Heroes, c'est pour beaucoup par le biais de la désormais célèbre chanson : Cupid's Chokehold. En effet en samplant le tube de Supertramp, American Breakfast, le rendu détonne entre un son hip-hop et des refrains aux accords pop. On est tout de suite charmé par ce son novateur et officiant comme une passerelle entre les genres. Pour bien comprendre cette impression, il nous faut revenir en 1997, où le groupe se fonde à Geneva dans l'Etat de New-York. La rencontre entre les membres (Travis Mc Coy et Matt Mc Ginley) se déroule durant le cours d'éducation physique au lycée (d'où le nom du groupe). Ils sont très vite rejoints par Milo Bonacci et Ryan Geise. Dès le départ, le groupe se donne comme objectif de créer un son hip-hop innovant, détaché des habituels clichés west/east ou bien de la culture gangsta. Voici donc un album hip-hop sans le « bling-bling » et qui sait aussi être par bien des aspects un album pop, soul..


Il est vrai que l'ouverture de The Papercut Chronicles (Za Intro) n'a rien à voir avec les albums hip-hop classiques, elle ressemble plus à l'intro d'un groupe comme Board of Canada qu'à celle d'un album de Nas, un beat assez planant aux teintes électro nous annonçant bien la couleur : voici un album aux confins de la diversité musicale. Le Morceau suivant, Papercut, le démontre bien avec un beat composé de quelques accords de guitare et des lyrics qui n'ont rien à voir avec la verve gangsta habituelle mais qui raconte plutôt une relation amoureuse plutôt difficile où la femme n'est pas une « bitch » soumise, mais qui, au contraire, avec ses caprices, mène la danse. On trouve en plage quatre, le très bon Make Out Club, racontant les relations les plus rocambolesques de notre chanteur, nous dressant le portrait de demoiselles toujours plus déjantées les unes que les autres. Ce qu'on remarque avec ces deux morceaux et avec beaucoup d'autres dont le suivant, Taxi Driver, c'est la forte présence de la guitare dans la construction du beat. Nous sommes très loin des synthétiseurs des beats west coast ou du minimalisme new-yorkais, à vrai dire, nous sommes plutôt dans un nouvel espace que les Gym Class Heroes dessinent eux-mêmes. Le morceau maintenant bien connu, Cupid's Chokehold, illustre bien la patte de ce groupe, tant les lyrics sont plutôt drôles, narrant toujours les aléas d'un lover qui pense trouver à chaque nouvelle petite amie La fille ! De plus, la contribution de Patrick Stump des Fall Out Boy et le sample de Supertramp, illustre à quel point ce groupe décloisonne le hip-hop, souvent trop hermétique aux autres genres. On ne peut alors que penser à un groupe comme Outkast, ayant eu lui aussi cette intelligence d'ouvrir le hip-hop pour en faire définitivement un des styles les plus innovants de ces dernières années, et surtout afin de le sortir de ce cercle dans lequel il s'était lui-même enfermé et où rien ne se créait de neuf. La comparaison tient même dans le message parfois délivré, dans cette nonchalance amoureuse un peu désabusée mais au fond, toujours enthousiaste. Pour finir, évoquons le morceau Nothing Boy Vs The Echo Factor qui prouve l'excellence du flow de Travis, d'une force aussi rapide que nette. De plus le message ici délivré démontre que ce groupe est d'une grande lucidité pour le jeune âge de ses membres (une vingtaine d'années), se jouant des clichés des rappeurs pensant délivrer de grandes prophéties, ils s'en moquent faisant voeu d'humilité, et ce avec leur humour habituel : I could make references to books I never read / For the sake of sounding conscious / But that's just obnoxious.


En conclusion cet opus est vraiment très bon. Musicalement il s'ouvre à différents genres, les mariant avec succès, et ce avec des paroles pleines d'humour et de sagesse. Les Gym Class Heroes montrent à leur tour, ce vers quoi doit tendre le hip-hop à la fois pour se renouveller et pour atteindre un nouveau stade d'excellence, tant au niveau du beat que des lyrics.



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